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La glacière, une histoire de glaçons sur l'île de la Réunion

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Peu connue des touristes mais aussi des Réunionnais, la glacière de l'île de la Réunion est un site chargé d'histoire. Ce lieu intriguant et original situé dans l'ouest de l'île, prend place dans un décor stupéfiant inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis août 2010 : le Maïdo, à 2489 mètres d'altitude.
 

Vue du Maido ©Zacharie Hoareau

Ce site a été façonné par un certain Joseph Morénas, entrepreneur en charrois de l'île et originaire de Saint-Christol dans le Vaucluse. Ce botaniste français creusa deux trous dans la roche des hauteurs du Maïdo puis forma deux puits à l'aide de pierres, de mortier de chaux et de mélasse. Les deux puits creusés de main de l'homme, profonds de 4 mètres, possèdent un diamètre de 3 mètres. Les ouvertures des puits sont orientées de manière à ce que les eaux contenues dans ceux-ci soient à l'abri du soleil. Comment la glace se forma-t-elle ? Rien de plus simple. Les pluies vinrent remplir les puits et le froid des hauteurs de l'île permirent la solidification de l'eau.

 

En effet, si de nos jours nos congélateurs permettent de faire des glaçons rapidement, cela ne fut pas toujours le cas. Au cours du XIXe siècle, la récolte de glaçons battait son plein en France. La « récolte » de glace des montagnes remonte même au Moyen Âge ! Elle faisait alors partie intégrante du commerce méditerranéen. Des blocs de glace étaient dynamités, notamment en Savoie, et des paysans venaient récolter cette glace pour la transporter dans tout

le territoire français. Réservés à une certaine élite, les glaçons étaient utilisés comme aujourd'hui, notamment pour accompagner des boissons, telle l'absinthe. Mais ils étaient également utilisés pour leurs bienfaits médicaux. Joseph Morénas mettait en avant lui-même l'importance de disposer d'une glacière à la Réunion pour la médecine. Bien que l'idée de Morenas fut bonne et intéressante, des problèmes apparurent. Les différents grands propriétaires fonciers virent cette glacière d'un mauvais œil accusant Joseph Morénas de vouloir garder pour lui un monopole sur la glace. Ainsi, les riches propriétaires de l'île préférèrent décréter que cette dernière serait destinée à ceux qui se donnaient la peine de se déplacer pour en récupérer et qu'elle n'appartiendrait donc pas à quelqu'un en particulier. Cependant, par la suite, le site fut acheté par Ombline Debassayns, plus connue sur l'île sous le surnom de Madame Debassayns (1755-1846). Grande propriétaire foncière, Madame Debassayns est un personnage emblématique de la Réunion et spécialement de l'histoire de l'esclavage de l'île. En plus d’une fortune colossale et de très grandes propriétés, elle possédait, d'après son testament, près de 400 esclaves. Ce fut elle qui exploita la glacière, envoyant la glace chez ses fils dans le nord de l'île.

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Photo du panneau indiquant le début du sentier actuel ©Zacharie Hoareau

Aller chercher cette glace n'était pas chose facile. La tâche des esclaves porteurs était de transporter sur leur tête l'équivalent de 25 kilos de glace pendant plusieurs kilomètres de marche. L'estimation de la distance entre le domaine de Madame Debassayns, au niveau de Villèle (dans l'ouest de l'île), et le site de la glacière équivaut à 20/25 km de marche dans des sentiers abrupts avec un dénivelé à la montée cumulé de plus de 2000m. La glace était ensuite en partie transportée chez ses fils (domaine du Chaudron dans le nord de l'île) ou ramenée directement au domaine de Villèle. L'aller-retour prenait un jour. De plus, les esclaves se devaient de marcher à une cadence assez élevée pour que la glace n'ait pas le temps de fondre. Pour veiller à cela, un esclave « chef » s'occupait d'une douzaine d'esclaves. Il utilisait un fouet pour les forcer à marcher à une cadence adéquate afin que la punition (le fouet le plus souvent) ne retombe pas sur lui si la glace n'arrivait pas à temps.

De nos jours, la Glacière est un sentier de randonnée emprunté par de nombreux marcheurs. En plus de contempler un paysage majestueux, ces randonneurs curieux marchent sur les traces d'une histoire que les Réunionnais n'oublient pas et n'oublieront jamais. Preuve en est lorsque tous les 20 décembre la Réunion est en fête. Dite la « fet kaf » en créole, elle correspond à l'abolition de l'esclavage pour l'île proclamée par Sarda Garriga (1808-1877). L'île rend alors hommage à son passé avec des activités et des visites des lieux imprégnés de cette histoire.

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Site de la glacière visible depuis le sentier ©Zacharie Hoareau

Zacharie Hoareau, L3 Histoire

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