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Le chlordécone : le pesticide qui a empoisonné les Antilles

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Pesticide utilisé entre 1972 et 1993 pour lutter contre le charançon du bananier dans les plantations de Martinique et Guadeloupe, le chlordécone représente aujourd’hui une question environnementale et sanitaire majeure aux Antilles.

Quelle est l’importance de la culture de la banane aux Antilles ?

L’exploitation de la culture bananière débute vers la fin du XVIIe et se développe principalement au XVIIIe siècle. Venue d’Asie, la banane est d’abord implantée par les colons en Nouvelle-Guinée puis aux Antilles. Elle sert avant tout à l’alimentation des esclaves qui pouvaient librement en cultiver jusqu’à 50 plants à côté de ceux du maître. La consommation de la banane devient rapidement importante aux Antilles.

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Le commerce de la banane connaît un essor au XIXe siècle, l’exportation et la vente de la variété appelée Gros Michel se multiplie aux Etats Unis. Des entrepreneurs américains décident d’investir dans ce marché prometteur. En 1871, la ligne de chemin de fer construite par Minor Cooper Keith avec le Costa Rica permet le développement et l’importation d’une plantation à grande échelle. Il crée l’United Fruit Company, une entreprise coloniale qui a beaucoup de pouvoir sur le marché de la culture bananière. Celle-ci occupe par la suite une grande place dans l’agriculture et l’économie antillaises.

Qu’est-ce que le chlordécone ?

Désigné sous les noms de Kepone aux États Unis et Curlone en France, cet insecticide apparaît comme une solution à l’invasion du charançon du bananier qui sévit dans les plantations aux Antilles. Le

ministre de l'agriculture de l’époque, Jacques Chirac, autorise l’utilisation du produit appuyé par la société Laguarigue qui en permet la circulation en Martinique. L’insecticide est alors produit sous forme de poudre et répandu au pied des bananiers. Jugé dangereux quelques années plus tard, il est interdit aux États Unis à partir de 1976 et à la vente en France en 1990 mais reste tout de même utilisé jusqu’en 1993.

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Les effets du pesticide sur l’organisme et l’environnement

Ce n’est que vers les années 2000 que l'on constate que le chlordécone aurait des effets sur l’organisme et provoquerait plusieurs maladies : des naissances précoces mais aussi un taux de cancer de la prostate extrêmement élevé qui fait de la Martinique la malheureuse détentrice du record du monde de cas de cancer de la prostate. L’Institut National du Cancer, saisi depuis le 28 novembre 2019, poursuit ses recherches pour déterminer le lien exact entre le chlordécone et le cancer de la prostate.

 

L’utilisation du chlordécone constitue également un scandale environnemental car on estime que dans certaines zones traitées, les sols, les rivières et les nappes phréatiques sont pollués pour au moins 500 ans. En effet, le chlordécone fait partie des organochlorés les plus persistants. Ces derniers sont des produits organiques dérivés du chlore pouvant être utilisés comme solvant, insecticide ou fongicide.

 

Une volonté de détox de la part des habitants

La mise en place d’un collectif appelé “zéro chlordécone-zéro poison” formé depuis le 25 juillet 2012, appelle à un dépistage sanguin de la population : il s’agit de déterminer le taux de la molécule dans le sang des citoyens mais aussi dans les sols agricoles pour garantir une consommation saine pour les habitants.

 

En 2019, un film documentaire intitulé Pour quelques bananes de plus, le scandale du chlordécone a été réalisé par le réalisateur Bernard Crutzen. On le suit dans un tournage d’une durée de 6 mois où il part à la rencontre des scientifiques et professionnels de l’agriculture dans de nombreux pays comme les États-Unis, l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine, mais aussi la Guadeloupe et la Martinique. Il commence donc son voyage à Hopewell en Virginie où le scandale a éclaté pour finir en Martinique. Son reportage suit donc le fil chronologique de la crise sanitaire.

Aujourd’hui encore, le sujet du chlordécone fait l’objet de débats et de manifestations. Une série de commissions d'enquête parlementaires depuis le 1er juillet 2019 tentent de déterminer le déroulement des faits et l’implication du gouvernement et des députés en cause.

Christine Bulver, L2

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