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Mémoires Vives : 

Le témoignage de Marie-France¹, interviewée le 12 mars 2019

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Souvenirs de guerre, premier amour, arrivée de l’électricité,… Tant de choses qu’ont à nous raconter les religieuses résidant maintenant à l’EHPAD* La Roseraie de Montpellier. C’est tout ce que nous avons à découvrir dans l’atelier Mémoires Vives dirigé par Marc Conesa et ses fidèles apprentis Caroline Pacault et Adrien Meric.     

L’objectif est de retranscrire l’Histoire à hauteur d’Homme. Voici à titre d’exemple la vie et l’histoire – et non des moindres – de Marie-France, en résumé :

Marie-France a fêté ses 90 ans le 19 mai 2019. Née en Belgique en 1929 d’une mère très croyante et d’un père très laïc, entourée de ses frères, elle menait avec sa famille une vie plutôt confortable. La petite grandissait, elle n’avait que 10 ans lorsque la Guerre en 39 fut déclarée. Marie-France habitait à proximité de la capitale ; les bombardements étaient alors fréquents. Pour se protéger, elle et sa famille avaient creusé des tunnels dans lesquels ils couraient se réfugier quand l’alerte était lancée. Aujourd’hui elle souligne « Il y avait les bons Allemands, qui travaillent dans les bureaux ; et il y avait les Boches*, les chiens d’Hitler le Führer ». Les enfants n’allèrent plus à l’école pendant 4 ou 5 ans. Les familles, recluses, dépendaient de leurs tickets de rationnement. Marie-France me raconte même ce terrible souvenir d’enfance, où elle a vu, devant ses yeux, un SS abattre un homme de sang-froid. Elle ne m’en dira pas beaucoup plus sur son enfance si ce n’est qu’à la fin de la Guerre, quand l’école reprit, il fallut rattraper les années perdues. Pour rattraper les cinq ans perdus, le système éducatif belge mit en place un diplôme censé s’obtenir en une année. Marie-France a redoublé cette année scolaire.

Plus tard, elle obtint un diplôme d’études supérieures en philologie classique*. C’est à ses vingt ans qu’elle reçut « l’appel de Dieu ». Histoire assez cocasse qui commence par une romance. Lors d’une fête, elle rencontra un garçon nommé Diego, ce fut le coup de foudre. Tous deux très amoureux, ils décidèrent après quelques mois de relation de révéler leur amour à leurs parents et ainsi organiser un mariage. Ils se quittèrent le vendredi soir sur cette intention. C’est en marchant seule dans la rue que la future religieuse entendit au plus profond de son cœur « Et moi, alors ? ». C’est donc comme cela que débuta, non sans difficultés, la vie de Marie-France dans les ordres. Il est vrai qu’elle se liait plus facilement d'amitié  avec les garçons et qu’elle ne côtoyait pas vraiment les femmes. Ce n'est alors pas évident de s’imaginer vivre le reste de sa vie entourée de « sœurs ». D’autant plus que son père n’était absolument pas en accord avec sa décision. Mais elle, elle le sentait ainsi, c’était son destin, raconte-t-elle.     

Sa vie ensuite fut construite de voyages et d’amour. Elle fut appelée en tant qu’enseignante dans plusieurs pays, notamment en Égypte, au Tchad, en France à Amiens, au Togo et enfin en Belgique. Elle a rencontré et aidé des gens de tous horizons, elle ne regrette en aucun cas d’avoir suivi le chemin que son cœur lui a dicté. Elle réside depuis deux ans à Montpellier, là où elle n’avait jamais posé un pied auparavant mais après tout, la découverte et les voyages, c’est ce qui plaît à Marie-France.

 

Laura Gervier, L1

Lexique :

EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes âgées dépendantes. 

Boches : Terme péjoratif utilisé dès 1870 pour désigner un soldat allemand. 

Philologie classique : l’étude des langues et textes en latin et en grec ancien.

¹ Son prénom a été modifié à sa demande.

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