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Les anciens de Paul Va' : entretiens en série

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Ancienne étudiante en Master MEEF, Valentine est enseignante dans le secondaire et a réalisé son année de stage dans un collège public à Lattes. Actuellement, elle est en mise en disponibilité dans le cadre d’une préparation à l’agrégation en géographie.

 

Pourquoi avoir fait une licence d’histoire ?

J’ai fait un bac S et, en terminale, nous n’avions plus de cours d’histoire-géographie… ce qui m’a beaucoup manqué. C’est au cours de cette année que je me suis rendue compte que j’aimais beaucoup l’histoire et c’est à ce moment-là que j’ai fait le choix de devenir enseignante. J’ai par conséquent choisi de faire une licence d’histoire : j’ai aussi fait, en parallèle, une licence de géographie afin d’avoir la double formation nécessaire au concours du CAPES.

 

Quel genre d’étudiante étiez-vous ?

En combinant les deux licences, j’ai dû concilier deux emplois du temps et à peu près 35h de cours par semaine… avec le travail personnel qui va avec. Ça m’a demandé beaucoup de travail mais en étant assidue et concentrée en cours, plus de la moitié de la tâche est déjà faite ! Après, à chaque milieu de semestre, je faisais le point, en faisant des petites fiches avec les dates, les personnages ou encore les définitions ; le but était de ne pas se laisser envahir !

 

Vous saviez dès la L1 que vous vouliez être enseignante. Avez-vous eu des changements de projet au cours de vos licences ?

Oui, mais c’étaient des doutes éphémères ! En L3, parce que les emplois du temps étaient incompatibles, j’ai pris le temps de faire la L3 d’histoire et la L3 de géographie séparément. A la fin de la L3 histoire (parcours histoire), je commençais à saturer : à force de revoir les mêmes exercices, j’ai ressenti une certaine lassitude. Je pensais retrouver cette lassitude en devenant enseignante et j’avais aussi peur de ne pas être capable de faire face aux élèves… de mal appréhender les « différences générationnelles », on va dire. En parallèle, pendant l’été, j’ai travaillé en milieu hospitalier où l’ambiance était plutôt cool. Pendant un moment, je pensais me reconvertir dans le management des établissements de santé. Mais après quelques mois, en reprenant ma licence de géographie, j’ai repris goût et suis revenue sur le droit chemin !

 

Concrètement, qu’est-ce qui vous a donné envie d’être enseignante ?

J’aimais vraiment les deux matières et tenais à garder les deux. Cette passion a été transmise par des de très bons professeurs que j’ai eu la chance d’avoir durant ma scolarité. Malheureusement pour l’histoire seule, les débouchés professionnels sont assez incertains… les métiers de l’enseignement secondaire garantissent une sécurité de l’emploi. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer des enseignants dans ma vie privée et j’ai pu voir que c’est un milieu qui me plait mais qui est aussi compatible avec la vie de famille… Même si l’emploi demande beaucoup de travail ! Enfin, j’aime communiquer et, en soi, je pense que le poste convient à ma personnalité.

(Pourquoi ne pas avoir fait enseignante en SVT ou en mathématiques ?) Après la terminale, je n’en pouvais plus des matières scientifiques… j’avais hésité entre histoire et français mais le choix s’est vite imposé !

 

Pour vous, qu’est-ce qu’être enseignante ?

Lorsque l’on est devant sa salle de classe, on ne fait pas un cours magistral comme à l’université. On se rend compte que les élèves ne sont pas là pour écouter : ils n’ont qu’une hâte dès le moment de l’entrée en classe, c’est de retrouver leurs copains dehors ! Garder leur attention demande beaucoup d’énergie et une pédagogie que l’on ne peut acquérir que par l’expérience. Il faut capter leur attention, c’est presque du théâtre ! De plus, il faut se montrer juste, bienveillant tout en gardant une certaine autorité. Poser un cadre, c’est permettre de créer un cadre favorable à l’acquisition des apprentissages. Je dis souvent « on ne naît pas prof, on le devient » ! Le contact avec les élèves est important et, si on les fait grandir, nous grandissons aussi ! Pour moi, l’apprentissage passe par la curiosité, une capacité à se remettre en question mais aussi à s’adapter ! Les élèves changent à une vitesse fulgurante et il faut que les méthodes d’enseignement évoluent. Dans cet ensemble, il faut savoir s’organiser, ce qui demande beaucoup de travail. À titre d’exemple, pour préparer 1h de cours… il m’en faut 4h en amont ! et c’est sans compter les corrections de copies… C’est un apprentissage long et qui n’a pas de fin !

 

Comment préparez-vous un cours et les évaluations ?

Il faut, déjà, reprendre le bulletin officiel, un petit texte qui résume chaque chapitre qui doit être abordé. Il existe des fiches Éduscol, dont l’usage n’est pas obligatoire mais qui proposent différentes façons d’appréhender un chapitre. À partir de là, je reprends un des manuels scolaires à disposition et j’essaie d’élaborer une problématique pour chaque chapitre qui se résume à ce que les élèves doivent retenir de mon cours. Après avoir fait ce travail préliminaire, il faut construire des séances pour chaque heure de cours. Chaque séance est structurée par un fil rouge (la problématique), une activité (comme analyser un document) durant laquelle les élèves sont en situation de travail, une correction de l’activité et enfin une trace écrite qui résume l’essentiel de la séance. À la fin de chaque chapitre, je donne à mes élèves une fiche bilan qui résume les connaissances et compétences à maîtriser pour l’évaluation. L’évaluation se compose d’exercices qui ont été travaillés en cours ; il s’agit de vérifier si les élèves maîtrisent les principales connaissances et les compétences travaillées au cours du chapitre ; il n’y a jamais de piège !

Je tiens cette méthode de ma tutrice et j’en profite pour dire que le tuteur est une personne très importante durant l’année de stage ; c’est vraiment la personne ressource quand nous sommes en difficulté ou quand nous avons besoin de conseils ! J’avais pour ma part un très bon « feeling » avec ma tutrice. Il faut, tout de même, développer sa propre méthode et c’est là un atout du métier… c’est que l’on a une certaine liberté pédagogique !

 

Vos formations vous ont-elles aidé dans le début de cet apprentissage ?

La licence permet de donner une solide culture générale historique ; cette dernière est nécessaire au moment du concours (on ne peut pas tout apprendre l’année du concours). Durant le master MEEF, nous acquérons une solide assise scientifique utile l’année de préparation du concours. C’est ensuite durant l’année de stage, c’est-à-dire en deuxième année de master que nous recevons des enseignements théoriques sur la pédagogie. Nous avons des cours à l’INSPE ainsi qu’à l’université Paul Valéry durant cette année. C’est d’ailleurs quelque chose qui a été peu difficile car nous nous construisons en tant que professeur tout en étant conservant une attitude d’étudiant. L’une des chances du master MEEF, c’est aussi que l’on est bien encadré et conseillé par les professeurs ! En parallèle, il y a discussions et échanges d’expérience avec les autres collègues stagiaires.

 

Selon vous, quelles sont les beautés du métier ?

Le métier en lui-même. C’est le plus beau métier quand on est fait pour : c’est un travail intense, où il faut être constamment actif… ce qui est fatigant. C’est peut-être un peu présomptueux mais on a un peu pour mission de former les citoyens de demain : on forme les générations futures. C’est ce qu’il y a de plus beau et de plus noble dans le travail d’enseignant. J’essaie de le faire comprendre à mes élèves et certains sont réceptifs… d’autres le seront plus tard. C’est un peu comme semer des petites graines qui germeront un jour ou l’autre.

C’est un métier avec son lot de moments d’échec mais il y aussi des moments de réussites. C’est un métier trop important pour baisser les bras et quand on voit un élève progresser, tant dans la discipline que dans sa vie, c’est là que l’on retrouve la beauté de notre travail. Parfois même, les petits détails en valent la peine.

 

En entrant en fonction, avez-vous eu des désillusions ?

Quand on devient enseignant, c’est rarement que l’on a été le cancre de la classe. On a tendance à refléter notre expérience personnelle dans la classe qui nous est affectée, on s’attend à ce qu’elle ait un certain niveau. Assez vite, on se rend compte qu’il n’y a pas d’homogénéité dans une même classe : il y a une différence de niveau entre les élèves qui est assez conséquente. L’apprentissage est difficile pour une grande partie. Je dirai que la première désillusion c’est d’accepter que l’on ne puisse pas amener tous les élèves au même niveau… ce qui n’est pas plaisant. Dernier point négatif, et pas des moindres, c’est l’affectation. On peut être envoyé à l’autre bout du pays sans avoir son mot à dire, ou encore être en remplacement ce qui implique partir à droite, à gauche pendant une durée indéterminée…

 

Quelles ont été les difficultés rencontrées au cours de vos études ? Comment les avez-vous affrontées ?

Comme dit tout à l’heure, la lassitude de la L3… il faut attendre que ça passe et se dire que c’est bientôt la fin, que ça fait partie intégrante de la vie d’adulte de ne pas toujours faire ce que nous avons envie et qu’il y a des contraintes. En ce qui concerne le concours, il y a eu le cocktail d’anxiété et de manque de confiance en soi : la peur de l’échec et de rater. Dans ce genre de situation je pense au pire et je me demande qu’elles en seraient les conséquences : tu rates le concours, et alors ? tu le repasseras l’an prochain, tu es jeune et tu as toute ta vie ! Il faut apprendre à dédramatiser… là aussi c’est tout un apprentissage !

 

Un (ou des !) conseil(s) pour les étudiants en licence ou en master ?

Je dirais que – que ce soit pour devenir enseignant ou autre – il faut passer le plus d’oraux possible. La période que nous traversons n’est pas évidente mais je pense qu’il faut garder à l’esprit que le meilleur reste à venir et rester focus sur son objectif professionnel. Il ne faut pas s’isoler non plus et discuter avec d’autres personnes, que ce soit des collègues ou des professeurs avec qui on a une certaine affinité…

Ça vaut le coup de s’accrocher !

Pour en savoir plus sur le Master MEEF https://ufr6.www.univ-montp3.fr/

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