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Cahier Spécial - Nocturnes de l'Histoire 2021 ( Nature et Histoire)

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Œuvres issues des collections du Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole

© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / photographie Frédéric Jaulmes - Reproduction interdite sans autorisation.

Œuvres issues des collections du Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole

© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / photographie Frédéric Jaulmes - Reproduction interdite sans autorisation.

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Wouwerman, Philips – Paysage aux ramasseurs de bois mort ("Les petits sables")

Nathan VALERO (L1 Histoire) et Sana MAALOUMI (L3 Histoire)

Artiste : Philips Wouwerman (1619 – 1668) est l’un des peintres néerlandais les plus prestigieux de son époque. Plus de mille œuvres auraient vu le jour sous son pinceau ! Reconnu par ses contemporains et par ses pairs, nombreux de ses travaux furent l’objet de reproductions, tant par le fait de graveurs que de faussaires. « Les petits sables », peint en 1652, fait partie des neufs œuvres « officielles » qui nous sont parvenues.

 

Contexte général (historique et artistique) : Les Provinces-Unies du XVIIe siècle connaissent de nombreux changements, tant religieux que politiques et sociaux. Au milieu du siècle, la société néerlandaise est essentiellement une société bourgeoise. Ce sont les riches marchands – ayant fait fortune grâce au commerce – qui occupent une place importante de la société. Le XVIIe siècle constitue le Siècle d’Or néerlandais, le pays étant fort de son importance au sein du commerce maritime, notamment grâce à la Compagnie des Indes qui figure parmi les grandes instances commerciales « internationales » de l’époque. La domination de ce nouveau corps marchand a des conséquences sur le domaine de l’art. L’appartenance à la bourgeoisie est manifeste : elle passe par une apparence vestimentaire, par toute une série d’activités et de comportements… Mais elle s’exprime aussi par le décor des maisons. Le nombre de peintures au sein des maisons de notables est en pleine croissance.

La demande de toiles explose et les peintres néerlandais en produisent continuellement. Ils s’organisent en guildes, en corporations visant à assurer le respect de l’art, voire même de l’encadrer. Wouwerman n’est pas exclu de ce monde corporatif et est lui-même l’élève d’un autre maitre peintre. Entre 1580 et 1800, c’est plus de 8 millions de tableaux qui vont être produits et qui vont circuler tant au sein même des Provinces-Unies qu’à travers l’Europe ! Et tous vont être soumis aux différents courants artistiques.

Au début du XVIIe siècle, la peinture dite « de genre » voit le jour. L’œil des peintres quitte les portraits de grands personnages et de champs de bataille pour se tourner vers l’extérieur, et plus précisément, vers le reste de la société. Ils offrent leurs toiles aux scènes du quotidien, au « commun ». Il faut savoir qu’à l’époque moderne, l’attention tourne essentiellement autour des grands personnages – que ceux-ci soient nobles ou de riches marchands – au détriment de la majorité de la population. Or, avec la « peinture de genre », on ne peint plus seulement les individus riches mais aussi les gens du peuple. Au début du mouvement, ces derniers sont d’abord représentés dans le cadre de décors extérieurs : de nombreux peintres reprennent des scènes « hivernales » où l’on voit les habitants patiner – voire même tomber – sur les lacs gelés. Par la suite, les tableaux sont plus axés sur des scènes intimes, à l’intérieur du foyer : on y voit la femme tricoter avec les enfants endormis en fond, l’homme revenir dans son foyer… Puis de scènes intimes, on peint ensuite les travailleurs, notamment les ouvriers dans leurs ateliers. Il ne faut pas, cependant, y voir un intérêt bienveillant des artistes – et par extension, de leurs commanditaires, les bourgeois. Généralement, les peintres reprenaient des scènes de tavernes, ou de rues où l’homme du peuple est présenté ivre, laid, bagarreur ou niais… comportements rustres qui révulsent, intriguent, amusent les membres de la bourgeoisie. Et c’est ce type de tableaux qui, pour une bonne partie du XVIIe siècle, décore les murs des maisons des plus aisés des Néerlandais : 5% des peintures appartiennent à ce mouvement en 1620 contre 20% en 1660.

 

L’œuvre dans son ensemble : Ce n’est pas seulement à ce dernier registre qu’appartient notre tableau. Au centre de celui-ci, on peut voir des hommes et des enfants, accroupis dans le sable. Il s’agit de ramasseurs de bois, qui sont ici mis en lumière. Wouwerman, mais aussi d’autres artistes néerlandais, ajoutaient des touches de couleurs à leurs œuvres avec des personnages aux vêtements vivement colorés, en comparaison au reste du paysage.

Prenons un peu de recul, ces ramasseurs de bois sont dépeints dans un paysage fictif, inventé de toutes pièces par Wouwerman. Peintre haarlémois amoureux de sa région, il marie harmonieusement des éléments du paysage néerlandais, y ajoutant quelques intrus : dunes de sables et petit marécage, d’une part, et les petites collines, comme celle en fond, d’autre part. Le ciel chargé est aussi un élément récurrent dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle. La maison détruite en fond ajoute  un effet un peu dramatique et théâtral à l’ensemble de l’œuvre. On peut imaginer l’histoire d’un paysage déserté dont seules les ruines subsistent encore.

 

Et la nature dans tout ça ? Elle est présente dans deux aspects. Le premier, et le plus visible, c’est le paysage. Malgré le silence régnant sur la toile, le tableau ne nous présente pas un climat méditerranéen, tel qu’on le connaît ici, dans notre bonne ville de Montpellier. Les Provinces-Unies sont un pays relativement plat et dont une bonne partie des sols se trouvent en dessous du niveau de la mer. On a tendance à penser aux champs de tulipes – alors en pleine expansion au XVIIe siècle – mais les territoires néerlandais ne se constituent pas seulement de champs fleuris ! Cette réalité d’un climat presque austère nous renvoie à la soumission de l’homme confronté à la nature. Pas de chauffage à Harleem au XVIIe siècle : seul le feu de cheminée pour remédier au froid hivernal… encore faut-il du bois ! « Les petits sables » nous montre un bois lointain et non une forêt dense. La richesse des Provinces-Unies, leur puissance au XVIIe siècle, repose essentiellement sur leur participation au commerce : pour faire du commerce, il faut des bateaux, pour faire des bateaux, il faut du bois… ce qui constitua une priorité. La coupe des grands arbres est d’abord destinée au chantier maritime, et non au seul usage domestique. On va donc exploiter la nature, ce qui est un second aspect, dans son entièreté, dans sa fin de vie. Le bois mort que cherchent les ramasseurs de bois est essentiellement à destination du chauffage des maisons. Nos ramasseurs de bois participent à l’approvisionnement en bois des villes et le bois mort ramassé fait l’objet d’un véritable commerce. On retrouve cette question du bois partout à travers l’Europe et elle témoigne du rapport qu’entretiennent les hommes avec la nature. Avec les défrichements incessants pour fournir en bois différents chantiers, les gouvernements se rendent compte à quel point les ressources à dispositions sont épuisables et limitées. Loin des préoccupations que cela peut susciter, nos ramasseurs de bois sont – en quelque sorte – des témoins de cette gestion de la nature.

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Vue du Grand Canal et du Pont du Rialto à Venise: une représentation du Venise du XVIIIe siècle

Christine BULVER (L2 Histoire)

“Venise née de l’écume de la mer”

C’est ainsi que Fernand Braudel évoque Venise, affirmant le lien fort entre la ville italienne et l’eau. Construite sur une lagune, la maîtrise de cet élément par les habitants avec ses canaux permettant la circulation dans Venise fait de celle-ci une cité remarquable.

 

Artiste: Cette peinture à l’huile sur toile a été réalisée entre 1770 et 1780 par le peintre vénitien Francesco Guardi (1712-1793). Il apprend très vite l’art de la peinture dans l’atelier de son frère aîné Guan Antonio. Il s’inspire beaucoup du style du peintre Michele Marieschi (1710-1743) lors de ses débuts. Il est se spécialise dans la réalisation du paysage urbain et appartient au courant artistique du védutisme.

Qu’est-ce que le védutisme ?

Le védutisme ou la véduta est un mouvement artistique datant du XVIIe siècle qui s’installe à Venise. Il s’agit d’une représentation des perspectives des paysages urbains, offrant aux spectateurs une vision panoramique et réaliste de ces derniers. Il s'inspire du travail du peintre Antonio Canaletto (1697-1768), grand maître du védutisme et qui avait lui aussi réalisé une vue du pont du Rialto en 1720. Il signe sa première vue de Venise en 1758.

 

Analyse de l’œuvre:

Dans son œuvre, il propose ainsi une vue de la cité au XVIIIe siècle, présentant les activités urbaines autour du grand canal et les modes d’appropriation des Vénitiens qui transforment le paysage urbain, alliant l’espace terrestre et maritime. Les gondoles offrent alors un moyen de déplacement privilégié, les canaux qui la traversent permettant le développement du commerce, faisant de Venise la grande puissance commerciale en Italie dès la Renaissance.

 

La place de l’eau dans le tableau et dans la ville:

La représentation de l’eau est une des grandes thématiques dans ce tableau, car elle prend une place majeure dans l’histoire de la ville. Plus qu’un moyen de déplacement, l’eau est aussi un apport de ressources telles que le sel et la pêche. Au XVIe siècle, les zones de pêche et de récolte de sel sont nombreuses. Elles sont organisées et contrôlées par des magistratures et des bureaux spécialisés. On voit un progrès considérable dans la science hydraulique au XVIIe siècle qui permet un développement d’activité artisanale autour du papier, la laine, la soie et le fer fabriqué à l’aide de moulins. Les Vénitiens ont donc su s’approprier l’élément de l’eau et utiliser l’énergie hydraulique afin de développer une production industrielle. L’artiste concentre son œuvre autour du Grand Canal qui est au centre du tableau, de la même manière que l’eau est au centre de la vie des Vénitiens.

 

Aspect historique de Venise au XVIIIe siècle:

Au XVIIe siècle, Venise connaît un déclin caractérisé par une baisse de ses échanges commerciaux au profit de la France, de la Hollande et de l’Angleterre, dotées de compagnies des Indes Orientales créées durant le XVIIe siècle. La puissance vénitienne doit également faire face à la piraterie et aux attaques ottomanes. L’œuvre de Francesco Guardi, réalisée au XVIIIe siècle, témoigne du dynamisme de la ville malgré un contexte difficile. On constate un proto-tourisme avec la présence de gondoles. Elle bénéficie d’une attractivité artistique importante. Venise est le lieu où se retrouvent de jeunes aristocrates menant le « Grand Tour » de l’Europe, privilégiant un apprentissage culturel et artistique, une prise de connaissance des différents systèmes politiques des pays européens.

 

L’architecture à Venise :

L’architecture participe également à la grandeur de Venise. De nombreux architectes travaillent ainsi activement à la construction de la ville et à son amélioration. Le tableau de Francesco Guardi nous dépeint un paysage urbain composé de grands bâtiments de chaque côté du canal reliés par le point du Rialto reconstruit au XVIe siècle par l’architecte Antonio Da Ponte (1512-1597). Reliant les quartiers de San Paolo et San Marco, cette grande structure en pierre d’Istrie est un lieu dynamique favorisant le commerce. De nombreux marchés sont effectivement ouverts sur le pont et aux alentours, surplombés par l’église de San Bartolomeo en arrière-plan.

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